L’ancien ministre des Finances, le Dr Abdelatif Benachenhou a appelé, hier, lors d’une conférence-débat au Forum d’El Moudjahid à une « révision en profondeur du système des prix et des subventions » pour escompter relancer l’investissement productif.

 

 

La révision du système des prix et des subventions touchera aussi bien le secteur concurrentiel que celui non-concurrentiel et « on peut le faire sans toucher à la paix sociale », rassure le Dr Abdelatif Benachenhou. L’ancien ministre des Finances qui avait, il y a quelques années, proposé une taxe sur le gasoil, rejetée par les parlementaires, a défendu l’idée que cela favorise de nouveau l’investissement, rappelant le cas de Naftec, entreprise de raffinage qui a cessé d’investir pendant 25 ans faute de marges suffisantes, ajoutant par là même d’autres entreprises qui mettent sur le marché des produits subventionnés comme l’Onalait ou la Sonelgaz qui fonctionnent à perte, n’étaient « les financements sur garantie de l’Etat », explique-t-il. Pour cette dernière, ce sont « 10 % des clients qui consomment les 40 % du produit » et il faut, dans ce cas là, selon lui « que les gros paient », au prix réel. En tous les cas, pour l’économiste algérien, il est sûr que l’entreprise n’investit pas quand « elle n’arrive pas à générer de la ressource ».

M. Benachenhou, qui vient d’éditer un livre sur les pays émergents, a débattu de la question de l’aptitude de l’Algérie à figurer parmi ce peloton des nouveaux acteurs de l’économie mondiale. Il commencera, d’abord, par définir, à travers une série de critères ce qu’est un pays émergent. (Afrique du Sud, Turquie, Mexique, Chili, Turquie, Inde, …) dont l’économie présente plusieurs aspects, à savoir une croissance importante, une économie diversifiée, des exportations dynamiques, sans oublier l’aspect social.

NOS IMPORTATIONS PEUVENT ÊTRE « DÉGONFLÉES » À 35 MILLIARDS DE DOLLARS
Il a expliqué, longuement, les défis qui se posent aussi à l’économie algérienne. Par-delà le renforcement du secteur des hydrocarbures qui constituent 70 % des ressources budgétaires et 98 % des recettes en devises du pays, il faut reconquérir aussi le marché intérieur. « Ce que je n’ai cessé de défendre depuis plusieurs années », dit-il, citant les secteurs où l’Algérie a des atouts. Il s’agit, bien entendu, des produits agricoles, de l’agroalimentaire qui sont « à notre portée » sans oublier d’autres créneaux tels les matériaux de construction, la pharmacie, le transport maritime très en retrait et qui « ne couvrent actuellement que 5 à 6 % des besoins … ».

Pour le Dr Benachenhou, on arrivera certainement, à travers de telles mesures à « réduire la facture des importations à 35 milliards de dollars, contre 60 milliards, actuellement, si on inclut et les marchandises et les services ».

Car, pour le conférencier, il y a, actuellement, vraiment « un problème de relance de l’investissement productif » qui se pose. Les chiffres sont là, seuls 2 % des montants alloués à l’investissement vont aux investissements propres comme la téléphonie, les matériaux de construction.

Pour le reste, 20 % vont aux équipements, 8 % à l’énergie et 5 % divers. Ce ne sont malheureusement pas des « investissements porteurs de spécialisation », affirme-t-il. En somme, conclut-il, nous faisons face et ce, « depuis 2006 à une crise de spécialisation » avec des exportations qui ont baissé en volume. Pour le pétrole, « on a une crise de volume, mais la hausse des prix (sur le marché international) a occulté cet aspect ». Contrairement au pétrole où il y a « une diversification des acheteurs » pour le gaz, « une crise de quantité et de prix » se cumule. Et pour ce produit, l’Algérie ne dispose que de quatre clients, dont seule la Turquie présente « une économie solide », selon lui, précisant que les autres, à l’instar de l’Espagne, la France et l’Italie sont « en crise de croissance avec des taux négatifs pour certains ».

 

Source: http://www.algerie360.com